13 février 2011

Le projet du Barlet enfin abandonné !

La décision annoncée par Jacques Vernier vendredi 11 février d'abandonner défini-tivement le projet de centre commercial place du Barlet était sans aucun doute la bonne. Elle n'est au demeurant pas une surprise, l'hésitation et la gêne du maire sur le sujet se faisant sentir depuis plusieurs mois, à chaque question de l'opposition.

Le projet souffrait de quatre tares originelles inquiétantes :

- lancé sans concertation, ni avec la population ni avec les commerçants, avec pour seul débat un conseil municipal convoqué à la hâte deux jours avant Noël, ce projet était né de l'enthousiasme un peu hâtif de deux personnes seulement, Jean-Jacques Delille, démissionnaire peu après, et Jacques Vernier, pratiquement son seul soutien depuis.

- le maire ayant déclaré que son choix relevait de l'acte de foi, aucune étude d'impact, aucune analyse indépendante n'a jamais été réalisée par la municipalité. Les seuls chiffres prospectifs disponibles ont été ceux du premier promoteur, Foruminvest. Etaient-ils parfaitement fiables ?

- Il n'était pourtant pas difficile de repérer quelques risques liés à ce projet : l'emplacement était déjà un peu éloigné du coeur de ville. Les visiteurs auraient-ils tous remonté la rue de la Cuve d'Or pour aller découvrir la croix de Douai ? Le centre, fermé, avec son parking propre, aurait de toute façon été organisé pour encourager les chalands à ne pas en sortir.

- enfin, Jacques Vernier fondait son choix, à l'origine, sur le caractère patrimonial et personnel du fonds d'investissement Foruminvest, propriété d'un riche néerlandais. L'argument est tombé très rapidement, quand le projet fut vendu sans état d'âme au fonds de pension canadien Hammerson...

Le projet est abandonné et c'est tant mieux. Pour autant, nous ne pouvons nous satisfaire du statu quo. Le commerce douaisien va mal. 60 à 100 cellules sont vides dans le centre, dont plusieurs dans une rue de la mairie qui périclite. Restaurants et terrasses se font rares. Bien des enseignes déménagent vers la zone du Luc.

Une politique ambitieuse d'aménagement commercial reste donc à l'ordre du jour à Douai, en concertation avec les Douaisiens. Faut-il reprendre l'idée d'une galerie commerciale plus centrale, en développant la Madeleine ou le Dauphin ? En rachetant peu à peu quelques immeubles bien situés ? Le lycée Deforest de Lewarde devait partir au Râquet, libérant un bel emplacement rue Jean de Gouy. Une querelle avec Christian Poiret a malheureusement compromis ce départ. Toutes les pistes doivent en tout cas être étudiées.

La question de la piétonnisation de certaines rues doit être réétudiée avec les commerçants. Les essais réalisés il y a quelques années n'ont échoué que par manque de conviction de l'équipe municipale. La rue de Bellain et la rue Jean Bellegambe pourraient devenir piétonnes, au moins à certains moment. puisque la rue Saint-Christophe et une partie de la rue des Ferroniers le sont déjà. Et pourquoi ne pas y envisager des zones de partage de l'espace, sans trottoirs ?

Au delà de l'aménagement urbain, c'est toute la politique d'accompagnement du commerce qui est à repenser. Le choix d'une ville silencieuse se fait, nous le constatons tous, au détriment des restaurants et des cafés. Nos commerçants ne sont pas assez associés aux évènements culturels de la ville, de ses associations et de ses grandes institutions : théâtres, auditorium, cinéma, médiathèque...

Reste la question, cruciale, des transports. Puisque, si attractif que soit une ville, encore faut-il que le plus grand nombre possible de visiteurs puisse y venir.

Aujourd'hui, notre plan de stationnement n'est pas lisible pour le visiteur lambda. Les grands panneaux d'entrée de ville constituent un progrès, mais ils ne disent pas que certains parkings annoncés sont bondés dès 7h du matin. Le visiteur doit encore tenter sa chance au petit bonheur, et souvent errer de sens unique en sens unique, à la recherche d'une place libre. Ce n'est pas normal. Nous devons tout faire pour drainer comme sur des rails les touristes et les visiteurs commerciaux vers un parking disponible à moins de 5' à pied ou en tram de l'hyper-centre. Il faudra d'ailleurs reposer la question d'un parking sous la place d'Armes...

Concernant les transports en commun, l'abandon de l'extension de la ligne 1, vers l'est, est désolant. C'est priver Douai de la clientèle de milliers d'habitants de Coeur d'Ostrevent voire, demain, du Denaisis. Même chose vers l'ouest. Puisque Noyelles-Godault attire les douaisiens nantis d'une voiture, ne devrions-nous pas tenter de capter les habitants du proche Pas-de-Calais qui préfèrent les transports en commun ? L'unique ligne entre Douai et Hénin ne saurait suffire.

"Pas de son, pas d'image de l'opposition sur la question du commerce", disait Jacques Vernier lors d'un dernier conseil municipal. Espérons qu'il prendra le temps de lire cet article...