17 novembre 2010

Quelle place pour les musiques actuelles ?

Quel contraste. J'étais samedi à la seconde soirée du MAD Festival, à la résidence Descartes de l'Ecole des Mines. Une petite salle, peu de communication, un projet porté à bout de bras par deux associations, avec peu de subventions.

Autre ambiance, hier soir, à l'auditorium Henri Dutilleux, pour la seconde soirée sur le thème de la musique française de la saison musicale 2010-2011. Une salle spacieuse, magnifique, des instruments de grande qualité, un orchestre adossé à un conservatoire à rayonnement régional. Bref, des conditions proches de l'idéal.

Nous pouvons être fiers, à juste titre, de la renommé de notre conservatoire et de ses professeurs, de la qualité des concerts qui s'y déroulent. Il y a là des atouts à protéger et à valoriser.

Mais ce que nous savons faire pour la musique classique, pourquoi ne saurions-nous pas le faire pour la musique actuelle ?

Deux lieux de répétition seulement s'ouvrent aux groupes musicaux du Douaisis : la MJC et le Red Studio, à Frais-Marais, avec des tarifs certes subventionnés. C'est un début, mais c'est clairement insuffisant !

La culture de la musique est l'une des forces de notre région. Nos harmonies, nos fanfares, sont des lieux de formation. Les élèves qui sortent du conservatoire ne choisissent pas forcément tous la voie classique.

De nombreux groupes de pop, de rock, de métal, de rap émergent et tentent de répéter ou d'enregistrer là où ils peuvent, dans un garage, dans un local désaffecté...

Proposons leur des lieux de répétition et d'enregistrement suffisants, un soutien public à leur communication, l'organisation régulière de concours permettant d'identifier les plus prometteurs. Et nous verrons émerger, comme en Angleterre, des groupes capables, demain, de remplir Bercy, au moins Gayant Expo, et de faire rayonner le nom et l'image de Douai dans la France entière, et peut-être dans le monde !

Une maison des musiques actuelles est en projet depuis longtemps, mais la crise survenue récemment l'a reléguée au placard des belles idées. La mairie ne veut pas s'en saisir seule. La CAD prétend maintenant qu'elle n'a pas la compétence. Elle peut s'en saisir si la volonté politique est là. Un lieu emblématique n'est pas forcément, d'ailleurs, la seule solution. On peut imaginer un réseau de salles équipées et insonorisées, pour des groupes de tailles et d'expérience différentes. La solution est en tout cas à imaginer avec les intéressés.

L'Angleterre nous le montre chaque jour : la vitalité de la scène moderne est un puissant vecteur d'image et participe de l'attractivité d'un territoire. Pour notre Douaisis à la culture minière et industrielle proche de celle de Birmingham ou Liverpool, n'y a-t-il pas une occasion à saisir ?

Frédéric Chéreau

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