3 juin 2011

Programme d'investissement complémentaire : peut mieux faire

Jacques Vernier reconnait donc enfin l'urgence de la situation de Douai, dont le centre-ville s'atrophie année après année. Voilà au moins une bonne nouvelle ! Il était temps !

Bonne nouvelle aussi, la prise en compte de plusieurs demandes émises, parfois de longue date, par l'opposition : la rénovation de la place d'Armes, une intervention urbaine sur les axes commerciaux, un nouveau centre social au faubourg d'Esquerchin, la réfection de l'avenue Gounod à la Clochette, l'installation d'un espace de jeux au rivage Gayant...

On ne peut que s'étonner, pour autant, du calendrier politique curieux choisi par le maire. Un programme d'investissement pluriannuel se propose en général au moment des élections municipal. Les candidats argumentent projet contre projet et les électeurs tranchent. Jacques Vernier s'affranchit de cette exigence démocratique. Après avoir fait campagne en 2008 sur une absence revendiquée de projet, il présente le sien à mi-mandat, quand l'échéance suivante se rapproche.

La désinvolture a l'égard de l'électeur n'est pas le seul défaut d'une telle méthode. On voit bien aussi le risque qu'elle aboutisse à une politique de yoyo, à un 'stop and go' permanent de l'investissement. Nous avons ainsi vécu trois années de vaches grasses et d'emprunts massifs, puis trois années de rigueur et d'augmentation des impôts. Entrons-nous dans une nouvelle phase de trois ans où tous les robinets sont ouverts, quitte à ce que les caisses soient de nouveau à sec en 2014 ?

Une certaine régularité, une certaine constance dans l'effort seraient sans doute préférables.

L'abondante liste d'investissements que nous propose Jacques Vernier masque aussi l'absence, souvent dénoncée par l'opposition, d'une véritable vision d'ensemble, d'un projet de long terme pour notre ville et son centre. Où voulons-nous emmener Douai ? Quelle organisation de la ville, quelle façon de vivre, quels flux voulons-nous favoriser ? Quelle relation avec la Communauté ? Ce débat n'a jamais eu lieu.

Et on se retrouve finalement, une fois de plus, devant un projet "liste", où se mêlent innovations notables et investissements d'entretien au fil de l'eau.

L'entretien des écoles, s'il est louable et certainement indispensable, n'a pas d'incidence sur l'attractivité de notre ville. Les nouvelles tranches de ravalement de la mairie ou de Saint-Pierre ne sont que la continuation de projets déjà engagés. Le rond-point au carrefour de l'avenue de Metz et de l'avenue Denis Cordonnier est lié à l'extension de la ligne 1 d'Evéole. Autant d'investissements qui ne relèvent pas d'une "relance" de Douai.

Quelle est la priorité de notre ville ? La relance commerciale. Voilà ce qu'il faut regarder à la loupe dans ce programme d'investissement. En ce sens, l'aménagement de l'axe Bellain-rue de Paris est une bonne chose, de même que la réfection de la place d'Armes. A condition d'associer fortement et très en amont riverains et commerçants.

Mais on peut aller plus loin. Notre ville a besoin d'un vrai choc urbanistique sur le centre. Or la question de la piétonnisation et de l'élargissement des trottoirs n'est pas abordée. Pas plus que la rationalisation du stationnement, qui est loin d'être lisible pour les gens de l'extérieur.

Evéole passera-t-il rue de Paris, après avoir manqué la rue de Bellain ? Y aura-t-il un nouveau projet de galerie commerciale de centre-ville à Douai, mieux préparé, plus central que celui de la place du Barlet ? Autant de questions sans réponses.

Au delà du bâti, nous devons travailler sur l'accompagnement des commerçants, en écoutant leurs propositions, en les aidant à aménager leurs vitrines, en les associant aux événements culturels de la ville, en développant la communication dans et hors de la ville. En multipliant, surtout, les terrasses, les bars, les restaurants.


Projet par projet, que retenir de ce programme ?

Feu vert : des projets nécessaires, attendus. Bravo !
> Un nouvel aménagement de l'axe Bellain-L'Hérillier
> La rénovation de la place d'Armes (attention toutefois à associer habitants et commerçants très en amont, sur un projet pas encore ficelé...)
> Le parc à vélos de la gare
> Un studio de répétition pour les groupes locaux
> La réfection de l'avenue Gounod
> Les économies d’énergie dans les bâtiments publics

Feu orange : de bonnes intentions, mais des questions en suspens...
> Centre social du faubourg d'Esquerchin : il fallait agir, certes. Mais quel dommage de maintenir ces bâtiments préfabriqués, au lieu de les remplacer par un bâtiment en dur !
> Parc d'attractions et boîte de nuit au rivage Gayant. Pourquoi pas, mais attention à bien encadrer le projet d'études. Tirons des leçons de la semi-réussite de Loisiparcs et de l'échec du Twendow. Surtout, la gestion directe par la mairie est-elle la meilleure idée ?
Le programme ne prévoit rien à Dorignies. Le parc d'attractions du rivage Gayant ne serait-il pas l'occasion d'installer enfin cette passerelle au-dessus du canal qui désenclaverait le quartier ?


> Place du marché aux poissons transformée en parking. Il y a besoin d'un parking d'entrée de ville de ce côté, mais quelle dommage de sacrifier cette belle place. Il faudrait étudier des solutions alternatives.

Feu rouge : pas d'accord !
> Vidéosurveillance tout au long de l'axe Bellain-L'Hérillier ? De nombreuses études montrent que la vidéo n'est utile que de manière localisée, dans des espaces clos. Ne gaspillons pas notre argent à installer des caméras qui ne servent à rien. Si la police peut payer des gens à rester devant des écrans de surveillance, autant les mettre dans la rue...

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