26 décembre 2011

Shanks : un conflit prévisible, un marché intenable

Un marché mal construit et mal attribué a conduit les Douaisiens à passer Noël sans ramassage de poubelles. Et il faut encore espérer que la réunion de demain pourra permettre une solution avant le Nouvel an...

Alerté par les salariés de Shanks, le groupe d'opposition était intervenu en conseil municipal, début décembre, pour s'inquiéter de l'amplitude des horaires dans le nouveau marché public lancé par la CAD -mais rédigé en réalité pratiquement à 100% par la ville- et poser la question de la validité juridique de l'attribution à Véolia. La réponse du maire fut évasive et optimiste. A tort manifestement. Car rien n'a été fait pour régler le problème, connu depuis plusieurs semaines.

La réponse de Véolia n'est que le second problème de l'histoire. Il n'existerait pas si la mairie de Douai n'avait pas décidé d'imposer un ramassage nocturne, au prétexte que les camions-poubelles ne doivent pas passer aux heures de pointe. C'est remplacer une nuisance par une autre ! Qui peut souhaiter entendre passer les camions sous ses fenêtres à 23h (une première version prévoyait même minuit !) ? En outre, il a fallu créer un système particulier pour les grands immeubles, dont les concierges sortent les bennes le matin et préfèrent les voir ramasser dans la foulée. Dans la seconde version de son marché, cassé une première fois, la mairie a donc ajouté une tournée spéciale le matin, pour les collectifs. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...

Ce double ramassage n'améliorera en aucune manière la vie des Douaisiens. Il dégradera les conditions de travail des salariés. Par dessus le marché, il risque de coûter plus cher puisque, pour ramasser en deux fois, le matin puis le soir jusqu'à 23h, en ajoutant le trajet vers le site de déchargement, il faut obligatoirement deux équipes. Sans quoi les salariés ne bénéficieraient pas de 11h de repos d'affilée avant de reprendre le travail.

Cela, Véolia a voulu en faire l'économie. Ne souhaitant pas embaucher et faire donc travailler les mêmes salariés matin et soir, Véolia a proposé deux variantes, ce qui n'était pas prévu par le marché, en faisant reposer toute son offre sur l'acceptation de l'une des deux. Soit la CAD autorisait une renégociation de l'accord d'entreprise sur les horaires, soit elle modifiait les heures de ramassage pour démarrer -et finir- plus tôt le soir.

Une condition suspensive est interdite dans une offre. Et c'en est une. Plus grave, la CAD n'a pas le pouvoir de s'engager sur le résultat d'une négociation avec les syndicats. Jacques Vernier a un moment affirmé que les syndicats avaient donné leur accord sur le principe d'une telle négociation, ce qui est faux. Négociation de toute façon impossible, puisque c'est la loi, et pas un accord d'entreprise, qui impose les 11h de repos.

La CAD et la mairie devaient s'en douter, mais, alléchées par le prix très -trop- bas, elles ont choisi d'accepter l'offre en refusant les variantes. Forçant ainsi Véolia à travailler à perte et sans doute à embaucher contre son gré. Or les offreurs devaient préciser dans leur offre le nombre de salariés qu'ils comptaient faire travailler. En embauchant, Véolia ne respecterait pas son offre, et ses concurrents pourraient alors attaquer le marché. On en revient au point de départ !

Bref, il est difficile d'imaginer comment la CAD et la mairie pourront éviter de casser une seconde fois le marché.

L'opposition municipale les encourage à en profiter pour le revoir en profondeur et revenir à des horaires plus classiques, pour le bien des Douaisiens, des salariés et des finances publiques. Et pour mettre un terme rapide à une grève qui va rapidement encombrer nos caves et nos trottoirs.


Frédéric CHEREAU
Conseiller régional
Conseiller municipal

Aucun commentaire: